lundi 8 août 2011

Je viens d'ouvrir le blog, vous ne voulez pas un billet original, en plus ?

Comme j'ouvre ce blog, je vais y rapatrier les billets déjà publiés sur Livraddict.

On commence donc avec "Sorry", de Zoran Drvenkar, publié par l'excellente maison Sonatine.




4 jeunes berlinois, un peu blasés, un peu désoeuvrés, montent une boîte sur une idée simple mais géniale : s'excuser à la place de leurs clients, de grosses sociétés qui vivent mal un licenciement, un harcèlement sexuel ou autres... En quelques semaines, l'agence "Sorry" fait un carton et son carnet de commandes ne désemplit pas. Normal, nous vivons dans une société dans laquelle la culpabilité est partout... Comme le dit Kris, celui qui a eu l'idée qui a mené à la création de "Sorry" : "Les gens ont la culpabilité qui suinte par tous les pores. Nous représentons le nouveau pardon. Oublie la religion. Nous sommes les intermédiaires entre la faute et le remords."

Les 4 amis viennent à la rencontre de pauvres gens désespérés leur apporter des excuses. Tout va pour le mieux dans le meilleur des mondes, quand un client un peu particulier recrute l'agence. Ils vont comprendre trop tard ses intentions : leur nouveau client est un assassin qui leur demande de l'excuser auprès de ses victimes.

Et voilà nos 4 protagonistes qui avaient choisi de vivre en prenant sur leurs épaules la culpabilité et le malheur des autres, brutalement confrontés à leurs propres culpabilités, passées et présentes... Ce qu'ils ont refoulé rejaillit et les voilà emporté dans un tourbillon que chacun va devoir gérer à sa façon.

Tous n'y parviennent pas aussi bien. Mais plus l'étau se resserre et plus une évidence apparaît : et si le meilleur antidote contre la culpabilité, c'était la vengeance ?

"Sorry" est un thriller pas du tout construit comme un thriller, avec un long prologue pour bien installer le contexte et les personnages, ces 4 paumés qui vont trouver un filon inépuisable. Mais, lorsque le tueur entre en jeu, les engrenages se mettent à tourner inexorablement, emmenant le lecteur au rythme des incertitudes des personnages. Doutes et incertitudes renforcées par les flash-backs et les changements incessants de narrateur (souvent anonymes).

Bref, "Sorry" est un labyrinthe dans lequel il fait bon se perdre (pour le lecteurs) mais dont on sent vite que les personnages auront du mal à s'en extirper, en tout cas pas indemnes...

Une lecture peut-être exigeante, plus en tout cas que certains page-turners mais aussi efficace, car on veut comprendre ce qui arrive à ces 2 filles et ces 2 garçons débrouillards mais que leur idée géniale va envoyer en enfer...

Une réponse aussi au leitmotiv éculé : "responsable, mais pas coupable". Car, nous sommes tous coupables de quelque chose, qu'on le veuille ou non, qu'on le vive bien ou mal. Elle nous attend au tournant, cette culpabilité et, dans notre culture judéo-chrétienne, la rédemption est l'unique but à atteindre pour vivre "heureux".

Une lecture à conseiller, amen !

3 commentaires:

  1. belle initiative, Christophe ! continue, mais ton texte en exergue est un rien cynique... sacré Guitry !

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  2. En fait, je crois surtout que c'est l'utilisation que je fais de cette phrase de Guitry qui est cynique. Une petite pirouette, une douce provocation !

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  3. Eh bien voilà je l'ai trouvé cet avis ! Fort intéressant et je crois bien qu'avant de lire "Toi" je commencerai ma découverte de cet auteur par ce "Sorry". Merci !

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