lundi 8 août 2011

La jungle n'est pas forcément là où on le croit...

J'aime beaucoup les romans historiques, et plus encore ceux où la réalité prend une place importante. François Rivière, biographe, journaliste et scénariste de BD, est un fan de Kipling. Il lui avait déjà consacré un roman policier, le voilà qui publie, avec "le mariage de Kipling" (grand format, Robert Laffont) une biographie romanesque de l'auteur du "Livre de la Jungle".




En fait, Rivière s'intéresse à une courte période de la vie de Kipling, celle qui va de son arrivée à Londres, en 1889 (Kipling est né en Inde où il a passé la majeure partie de sa vie avant cette date) jusqu'à son mariage début 1892. Le jeune Kipling arrive à Londres auréolé de premier succès littéraires qui en font une sorte de coqueluche du tout Londres des lettres. Mais, Kipling est timide, complexé par sa mauvaise vue, il a un caractère bien trempé et ne supporte pas la flatterie. Et puis, surtout, il tient à dresser une cloison étanche entre sa vie et son oeuvre, alors que ses admirateurs veulent à tout prix en savoir plus à son sujet. Cette attitude va coûter cher à Kipling qui, refusant de se plier à l'étiquette, va voir petit à petit ceux qui l'encensaient se détourner de lui. Les uns, le jugeant hautain, les autres, par jalousie, tant de son talent que de son succès.

Seul un petit groupe de personnes vont lui rester fidèles, essentiellement des Américains : le poète Henry James et la famille Balestier, Wolcott et sa soeur Caroline. Wolcot, écrivain sans succès, est un agent littéraire qui entend faire diffuser l'oeuvre des auteurs anglais aux Etats-Unis sans qu'ils soient floués par le piratage (déjà !) en vigueur à l'époque.

Kipling et les Balestier vont bientôt former un étrange trio qui va faire beaucoup jaser. Une relation étrange, ambigüe mais qui va aider Kipling à vivre dans ce pays qui n'est pas le sien, dans cette Angleterre où, lui, originaire des colonies, ne se sentira jamais chez lui.

"Le mariage de Kipling" est presque un roman choral car le portrait de Kipling se dessine non seulement grâce aux passages où l'écrivain est impliqué dans l'action, mais aussi au travers du regard de ses contemporains qui découvre cet étrange garçon à la vie si particulière. Car, habitué des quartiers les plus pauvres de Lahore, Kipling va vite reprendre à Londres ses habitudes : il continue à fumer l'opium et fréquente les vagabonds. Habitudes qui feront aussi naître des rumeurs sur son identité sexuelle. Une nouvelle ambigüité que le trio qu'il forme avec les Balestier va lui aussi intégrer. Tout cela va nuire à Kipling au point de le dégoûter un peu plus de ce Londres qui l'a adulé pour mieux le mépriser ensuite.

Mais ce n'est pas l'Inde qui le sauvera, mais le mariage.

Ce livre nous fait découvrir la jeunesse de Kipling, son enfance difficile, ses habitudes peu orthodoxes et, lorsque j'ai refermé le livre, je me suis posé cette simple question : que savais-je de Kipling avant cette lecture ? Rien, en fait, ou peu de choses en dehors de ses oeuvres les plus connues.

Et j'ai maintenant envie d'en appeler à François Rivière : pourquoi s'arrêter en si bon chemin ? A quand la suite de la vie de Kipling ? Car, même si cette courte période londonienne est un tournant dans l'existence et sans doute l'oeuvre de Rudyard Kipling, on sort de cette lecture en voulant en savoir plus.

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