mercredi 17 juillet 2013

« Tu crois que c’est une banque que t’intègres, mais c’est une secte ! »

On a évoqué les subprimes avec le dernier Connelly, on reste dans les questions de finance internationale avec un roman qui revisite un classique de la littérature française pour aborder la question des grandes banques d’affaires et de leur gouvernance parfois… douteuse… L’auteur de ce roman sait parfaitement de quoi il parle, puisque, si l’on sait qu’il a choisi un pseudonyme, la quatrième de couverture nous apprend également qu’il est un des directeurs d’une grande banque internationale. Je ne spéculerai pas quant au succès de ce livre, mais je l’ai dévoré en quelques heures, regrettant presque sa brièveté. Mais c’est aussi un roman à clés qui joue sur des thèmes aussi fort que l’ambition et la cupidité, mais aussi la primauté croissante de la finance sur le politique. Entrez, poussez les portes de la « Zalbac Brothers », un roman signé Karel de la Renaudière et publié, en grand format, chez Albin Michel.




Jean Demester est un jeune Français qui a très tôt quitté son pays natal pour s’installer aux Etats-Unis. Ce joueur de violon émérite, amoureux de musique classique, y a vécu ces dernières années de différents petits boulots. Comme, par exemple, chauffeur de maître. C’est cet emploi qu’il occupe quand, un soir, il va faire la rencontre qui va changer sa vie…

Alors qu’il est arrêté et descendu de la limousine dans laquelle il conduit ses clients, une autre luxueuse voiture vient se ranger avec lui. Lorsque la vitre arrière descend, Jean entend un air de violon qu’il reconnaît. La discussion s’engage alors autour du violon et se termine par une invitation : Jean, qui a fait des études de finances et de maths avant de traverser l’Atlantique, est convoqué au bureau de l’inconnu pour le lendemain.

L’inconnu, il ne le reste pas longtemps… Il s’appelle Bruce Zalbac, surnommé « le King », et dirige la prestigieuse banque qui porte son nom, la Zalbac Brothers. Son siège se trouve au Rockfeller Center et, à son arrivée, Jean est pris en charge par Paul Donovan. Celui-ci va prendre en charge les destinées de Jean au sein de la banque. En effet, le voilà embauché pour 6 fois son salaire de chauffeur, alors qu’il démarre tout en bas de l’échelle. De quoi tolérer l’insupportable Donovan et son intarissable logorrhée…

Une information importante, tout de même, dans ce laïus : chez Zalbac Brothers, il y a donc le King, tout en haut de l’organigramme et, sous ses ordres, sept managing partners, comprenez les associés, ceux qui décident des orientations de la banque, de ses choix stratégiques et qui commandent aux grouillots comme Donovan et Jean.

Pour Jean, changement violent de décor : dès les premiers jours, il doit bosser à un rythme de dingue, stagiaire dans la journée et en formation pour découvrir les arcanes de la finance américaine, le soir… Au bout de ce marathon, une alternative claire : réussir ses examens et grimper d’un échelon dans la hiérarchie ou… prendre la porte.

Mais Jean est un coriace, doté d’un caractère bien trempé. Il s’accroche et va même saisir la première opportunité qui va se présenter à lui pour se faire remarquer. Alors qu’il travaille sous les ordres de Tim Dickens, un des soixante vice-présidents de la banque, qui a en charge la préparation des dossiers de présentation des opérations de fusion-acquisition aux clients.

C’est justement lors d’une de ses présentations que Jean va remplacer Dickens au pied levé et décrocher la timbale. Oh, pas de quoi se réjouir, cela ne va pas faire de lui du jour au lendemain l’étoile montante de la Zalbac Brothers, pire, il frôle même le renvoi pour avoir pris une initiative qui ne lui revenait pas, mais le voilà sur les bons rails.

A partir de là, l’ascension du jeune Français va être fulgurante. Une ascension au cours de laquelle il va prendre tout le monde de vitesse, y compris le très ambitieux Paul Donovan, pas du tout ravi de voir son stagiaire lui griller la politesse en matière de promotion… Pourtant, les faits sont têtus, Jean Demester saute les échelons plus qu’il ne les monte et on le voit bientôt comme le chouchou du King, pardon pour la trivialité de l’expression.

Désormais installé au poste de vice-président, Jean continue de prendre des initiatives parfois courageuses, voire franchement osées, mais il a toujours l’appui du Bruce qui va même finir par lui confier un dossier et par n’importe lequel : préparer l’entrée en bourse d’un grand groupe de luxe français, « Hermitage », à la réputation mondiale. Une entreprise familiale qui traverse quelques turbulences quant à son avenir…

Jean est flatté, mais bientôt, le voilà fort embarrassé : la personne avec laquelle il doit travailler est la jeune héritière du groupe, Charlotte Lancier, une jeune femme qu’on décrit partout comme étant aussi ambitieuse que déjantée. Elle défraye souvent la chronique people par ses mœurs libérées et sa tendance à picoler un peu trop lors des soirées auxquelles elle participe…

Tout cela, Jean est bien placé pour le savoir, il en a été témoin peu de temps auparavant, chez lui, sans savoir qui était cette jeune femme délurée et court vêtue qui a failli déclencher une émeute dans son appartement… Une soirée d’autant plus mémorable qu’ils avaient fini la nuit ensemble, une nuit torride qui les a profondément marqués tous les deux.

Comment, alors, s’occuper de ce dossier quand on est amoureux de sa relation de travail ? On frôle le conflit d’intérêt, non ? Peu importe, Jean poursuit sa tâche, espérant profiter de cela pour voir régulièrement Charlotte. Mais, celle-ci est toujours entre deux avions et ne sort jamais sans son chaperon, Stéphane d’Aubry, un énarque, chef de cabinet à Bercy et, accessoirement, ami d’enfance de Jean…

Les deux hommes sont très différents, Aubry est lui aussi un dévoré d’ambition, et, au fil des pages, se dessine le profil non pas d’un chevalier servant pour Charlotte, mais d’un homme qui aimerait bien profiter d’elle pour asseoir sa fortune et ses objectifs politiques élevés… Tout le contraire de Jean qui, malgré sa réussite encore naissante, reste assez naïf et les pieds sur terre (pas si facile quand on se retrouve avec le train de vie des gens qu’on transportait encore il y a peu…).

Le dossier Hermitage, qui aurait dû être le dernier tremplin de Jean avant la reconnaissance professionnelle, sera en fait la cause de sa chute, aussi brutale que son ascension. L’entrée en bourse du groupe de luxe est devenue un enjeu majeur de la part d’autres acteurs qui ourdissent dans l’ombre un vrai putsch pour prendre les commandes de la société…

Coincé entre la loyauté envers Bruce Zalbac et son amour pour Charlotte Lancier, Jean va se faire piéger et devenir personna non grata au sein de la banque même qui l’a vu éclore… Il fait surtout l’objet de terribles pressions, d’une grande violence (pas physique, plutôt des attaques personnelles) et se retrouve en position d’accusé, bouc émissaire des comploteurs, qui, après Hermitage, se verraient bien contrôler aussi Zalbac Brothers…

A Jean de trouver les ressources pour contrer ceux qui ont voulu salir sa réputation et leur montrer que le naïf petit Français a plus d’un tour dans son sac et qu’il sait lui aussi, sortir des sentiers battus pour porter des coups bas… Dans sa lutte pour retrouver honneur et position sociale, il va bénéficier d’un coup du sort et de coups de main assez inattendus…

Arrêtons-nous là en ce qui concerne l’histoire elle –même et attaquons bille en tête le cœur de ce billet. Je ne pense pas qu’il faille être grand clerc pour remarquer que la grande banque qui sert de cadre à ce roman porte un nom pour le moins évocateur… Zalbac… Ca ne vous rappelle pas un célèbre écrivain ? Eh oui, Balzac, choix qui est tout sauf un hasard tant la carrière météorique de Jean Demester rappelle un certain Rastignac.

A quelques différences : Rastignac est présenté comme l’archétype de l’ambitieux, du parvenu, je ne trouve pas que Jean, surtout comparé à certains de ses collègues, corresponde à ce point à ce modèle littéraire. En revanche, nul doute que le garçon est talentueux, culotté, plutôt chanceux, mais surtout doué d’un opportunisme remarquable : il sait saisir les occasions de progresser quand elles se présentent, sans hésitation ni doute.

Il est également, je l’ai déjà signalé, assez naïf, pour un homme appelé à nager au milieu des requins de la finance. Il ne se méfie pas assez de ceux qui ne se gêneront pas pour lui planter quelques couteaux dans le dos, et pas des couteaux à beurre, croyez-moi. Cette naïveté provoquera en partie sa chute, mais cette expérience lui ouvrira les yeux et désormais, Jean ne sera plus naïf, il va même découvrir le plaisir d’un certain cynisme, tandis que son idéalisme va laisser la place à un pragmatisme qui lui permettra d’agir sans état d’âme pour se venger…

Si le début du roman fait clairement penser au personnage de Balzac, tel qu'on le découvre dans le Père Goriot, le Rastignac de Karel de la Renaudière va tout de même suivre des chemins différents. L'arrivisme de Demester, encore une fois, n'est pas aussi évident que celui de son modèle involontaire. Et puis, chez le banquier du XXIème siècle, il y a quelque chose d'un autre fameux héros du XIXème : le Comte de Monte-Cristo... Emergence, chute et renaissance... Mais pour le cynisme, là, aucun doute, il est très balzacien !

L’autre dimension capitale du roman de Karel de la Renaudière, c’est la banque elle-même. Si Rastignac devait, au XXIème siècle, intégrer une banque d’affaires, une seule serait à sa dimension : Lehmann Brothers. Oh, ce nom vous dit forcément quelque chose, si vous avez suivi les actualités politiques et économiques de ces dernières années.

Lehmann Brothers, qu’on reconnaît à travers Zalbac Brothers par certains événements clés qui interviennent dans le roman, c’est, pour beaucoup, le diable incarné. Le fossoyeur de l’économie grecque, entre autres, par son travail de spéculation forcené. Zalbac, c’est une puissance financière  gigantesque né d’un empire familiale que certains essayent de dévoyer peu à peu afin d’asseoir leur propre puissance

Là encore, comme dans le roman de Jeffrey Archer, « Kane & Abel », évoqué l’été dernier sur ce blog, on a une banque familiale, gérée comme telle et respectueuse de son histoire et de son passé, où se posera forcément à un moment une guerre de succession. Bruce Zalbac, qui n’est pas un vieillard en bout de course, mais un homme mûr, n’a pas de descendant connu et, lorsqu’il passera la main, Zalbac Brothers ne sera plus dirigée par la famille.

Or, comme ce fut le cas pour beaucoup d’entreprises presque patrimoniales, en particulier en France, les fameuses 200 familles, on a vu un changement radical de gouvernance quand des personnalités extérieures ont commencé à prendre les commandes d’entreprises qui ne leur appartenaient pas. J’ai aussi évoqué cet aspect dans le billet consacré au roman de Richard Powers, « Gains ».

Les managing partners de Zalbac Brothers s’agitent à l’idée de voir s’installer à la tête de la banque un nouveau King, très différent de l’actuel, et qui aura une vision très différente de la finance. Un de ces associés, appelons cela ainsi, Chuck DeJarnette, le doyen de ces sept personnages, résume d’ailleurs très bien cela dans une conversation avec un autre personnage (je ne vous dis pas lequel) aux ambitions de plus en plus clairement affichées…

Il décrit l’affrontement de deux visions, d’abord celle de Bruce Zalbac, patriarcale, reposant sur l’intuition, l’audace, le carnet d’adresses et la connaissance des marchés. Une vision où le risque tient une place importante, mais qui, aujourd’hui, est dépassé et remplacée par l’autre vision, celle défendue par l’autre personnage présent dans ce chapitre.

Cette vision nouvelle de la finance ne repose plus sur de l’humain, mais sur des algorithmes mathématiques, sur l’anticipation des mouvements du marchés grâce aux projections réalisées par des ordinateurs de plus en plus puissants. Ici, plus vraiment de place au risque, puisque on ne mise pas sur ce qui n’apparaît pas comme gagné d’avance. Disons que le risque est calculé, dans tous les sens du terme.

Au-delà du simple cas de la Zalbac Brothers, c’est l’évolution du monde de la finance dans sa globalité que décrit Karel de la Renaudière avec cet affrontement. Un monde qui se globalise, se mondialise, choisissez le terme que vous préférez, et qui réagit en temps réel à la moindre fluctuation d’un marché ou d’un cours, mais surtout qui se déshumanise de plus en plus et, par conséquent, perd peu à peu toute forme de morale pour ne devenir que l’outil d’une recherche effrénée de profits par n’importe quels moyens.

Nul doute que, si Machiavel vivait dans notre époque, il n’écrirait pas « le Prince », mais « le Banquier » ou « le Trader », qui ont supplanté les élites politiques. C’est un autre point important de « Zalbac Brothers » : la domination de la finance sur le politique. Non seulement, au sein de la banque, on prend des décisions qui influent sur l’ensemble de l’économie mondiale (y compris, parfois, de façon volontairement hostile, comme la spéculation sur les monnaies), mais les politiques sont à la remorque…

En cela, le personnage de Stéphane d’Aubry est très intéressant. Cet aristo, énarque aux dents longues, occupe déjà un poste important à Bercy, au cabinet du ministre. Pourtant, que ce soit dans sa manière d’accompagner Charlotte Lancier ou, par la suite, d’entrer dans les manœuvres clandestines de la Zalbac Brothers, jamais il n’a la main. Pire, on le voit envoyer des SMS pour se tenir au courant des décisions des banquiers, et pas pour en référer à son ministre…

Non, vraiment, il y a quelque chose de pourri au royaume des banques d’affaires mondiales… La fin du roman laisse penser que les choses pourraient changer, qu’une nouvelle ère pourrait débuter à la Zalbac Brothers, pavée de bonnes intentions, mais, à peine le temps de dire ouf, et on se rend compte qu’à cynisme, cynisme et demi, et qu’on peut parfaitement, sous des apparences de colombe, conserver des attitudes de faucon…

Je crois qu’il faut bien dissocier les deux aspects qui cohabitent dans ce roman : la partie balzacienne, autour de ce Rastignac d’aujourd’hui, qui tient plus de la fable et de la satire que d’un calque de la réalité ; et puis, cet état des lieux sur les tendances lourdes de la finance mondiale, avec leurs conséquences néfastes clairement exposées (et, n’en doutez pas, il y aura d’autres coups tordus !), qui là, sonnent comme un signal d’alarme aux oreilles du lecteur…

N’ayez pas peur de vous lancer dans cette lecture, il n’y a pas dedans de cours d’économie et de finance ardu, obtus… Tout est facile à suivre, on ne rentre pas dans le jargon technique ou dans le cœur des opérations en cours. Mais l’on voit parfaitement les guerres d’influence et de pouvoir qui se déroule un peu partout, pour que les plus ambitieux (ceux qui ont le moins de scrupules aussi, c’est vrai), puissent obtenir leur petit coin de ciel vert (comme le dollar). Et, tant qu’il y aura de tels prédateurs en passe d’accéder aux commandes, nous aurons tous du souci à nous faire, je pense…

Un dernier aspect sur « Zalbac Brothers », et plus léger, pour finir. Il concerne la musique. Jean, je l’ai signalé d’entrée, est violoniste et, lorsqu’il doit conjurer le stress ou prendre une décision importante, il se plonge dans la musique. Il s’isole pour jouer et cela l’aide énormément… C’est grâce à ce goût pour le violon qu’il va nouer le lien avec Bruce Zalbac mais aussi l’entretenir, jusqu’à la fin du livre.

Le King aussi, malgré son surnom rock’n’roll (remarquez, avec un personnage prénommé Bruce, on aurait pu aussi le surnommer le Boss, non ?), est un passionné de musique classique et en particulier de violon. Lui n’en joue pas mais écoute toujours des concertos pour cet instrument quand il le peut. Et il possède une discothèque dans laquelle le même morceau peut se retrouver dans une multitude de versions, toutes différentes pour ce mélomane accompli.

Si je parle de cette thématique musicale, ne croyez pas que c’est par lubie personnelle. Je ne suis pas aussi mélomane que Bruce et Jean, même si écouter de la musique classique est un plaisir. Non, si j’en parle, c’est parce que la musique est au cœur du roman de Karel de la Renaudière et le choix du violon est tout sauf un hasard.

Dans un orchestre, il y a le chef d’orchestre qui dicte le tempo, les nuances, décide de tout et fait appliquer sa vision de la partition aux musiciens qu’il a sous ses ordres. Le chef d’orchestre, dans « Zalbac Brothers », c’est Bruce Zalbac. Et cette métaphore, vous le verrez en lisant le livre, va bien plus loin que les élucubrations du blogueur que je suis…

Mais, parmi les musiciens, l’un d’entre eux se détache et a un rôle bien particulier, légèrement au-dessus des autres : le premier violon. Il est le lien entre le chef d’orchestre et les musiciens, celui qui mène la danse, si je puis dire, mais aussi celui qui peut porter le message des autres musiciens auprès du chef quand des clarifications sont nécessaires…

Le violon est donc tout sauf un choix fait au hasard par l’auteur. C’est un instrument qui détient du pouvoir dans « l’organigramme » de l’orchestre. Et puis, ce n’est pas tout. Car, si le premier violon est un musicien parmi les autres, on peut aussi faire jouer un soliste. Et, lorsqu’un violoniste (ou tout autre instrumentiste, mais ici, conservons notre logique) joue accompagné par un orchestre, nous avons un concerto pour violon.

Ici, le soliste, c’est Jean, bien sûr. Il y a aussi un premier violon, dans cette histoire, mais donner son nom en dirait un peu trop sur l’intrigue, donc, je le laisse sous silence. En revanche, je vais parler de ce soliste, incarné par le jeune banquier Français. Car, dans un concerto, c’est lui qui donne le rythme à tous les autres, chef d’orchestre et musiciens.

Jean Demester, personnage central de « Zalbac Brothers », est ce violon solo qu’on suit, nous aussi, lecteurs, note après note. Et l’on se rend alors compte que l’histoire est construite comme un concerto… En trois mouvements, un premier rapide, un second plus lent et un dernier mouvement en feu d’artifice, sur un rythme plus soutenu. Je ne peux encore pas trop rentrer dans les détails, mais cette similitude m’a vraiment frappé au cours de ma lecture.

Et j’aimerais vous parler d’un autre événement fort symbolique qui se déroule dans la dernière partie du roman et qui prend tout son sens dans les dernières pages, mais là encore, ce serait vraiment trop en révéler sur l’intrigue du roman. Mais, si vous avez suivi ce raisonnement musical, alors, vous comprendrez aisément où je veux en venir…

« Zalbac Brothers » est un roman qualifié de thriller sur sa quatrième de couverture. On peut le voir ainsi pour des questions de rythme, mais c’est un pur thriller financier qui ne tourne qu’autour des activités de la banque. Mais il est construit comme un page turner, phrases et chapitres courts, et de l’intrigue, tendue sans être sanglante, naît un vrai suspense.

Pourtant, le roman compte moins de 320 pages, avec une police en gros caractères et des interlignes pas trop serrés. Ca va vite, oui, mais peut-être un peu trop. A chaque étape, peut-être Karel de la Renaudière aurait-il pu approfondir son récit, le rendre plus consistant. Attention, sans tomber dans quelque chose de répétitif ou d’ennuyeux, mais en creusant certains aspects…

Quand je dis que l’ascension et la chute de Jean sont fulgurantes, par exemple, ce n’est pas seulement vrai dans les faits, mais aussi dans la manière de les raconter. Quant à la fin, elle repose effectivement sur une course contre le temps, avec un date-butoir qui impose d’aller vite pour tous les personnages. Mais, là encore, un développement un peu plus touffu n’aurait pas forcément été désagréable…

Allez, je chipote, au-delà du clin d’œil littéraire et musical, « Zalbac Brothers » est aussi le regard un brin désenchanté d’un homme sur le métier qu’il exerce et son évolution qu’il juge manifestement inquiétante. Et pas que pour lui, pour nous tous. Sa démonstration est convaincante, je trouve, et je serai assez curieux de voir évoluer le personnage de Jean Demester dans un autre contexte romanesque…


Il y a certainement matière à creuser la question, ce ne sont pas les vicissitudes de la haute finance qui manquent pour trouver l’inspiration, Monsieur de la Renaudière !


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