samedi 30 avril 2016

"Nous nous chamaillons sur un continent ridicule, entre manigances et complots, rébellions stériles et croyances archaïques. Les rois règnent, sont renversés par des fous soutenus par des pions..."

ATTENTION, CE BILLET CONCERNE LE CINQUIEME TOME D'UN CYCLE.
DES BILLETS PRESENTS SUR CE BLOG CONCERNENT LES DEUX PREMIERS VOLETS.

Le billet consacré au tome 1.
Le billet consacré au tome 2.
Le billet consacré au tome 3.
Le billet consacré au tome 4.

La dernière ligne droite de ce cycle est désormais lancé, puisque le septième et dernier livres est disponible depuis une grosse semaine... J'ai un peu de retard, c'est vrai, mais je suis de plus en plus excité par cette série, qui réserve encore des surprises. Voici donc le Livre Cinq du "Sang des 7 Rois", de Régis Goddyn, publié aux éditions de l'Atalante. J'évoquais, à propos du quatrième tome un tournant, l'entrée dans la deuxième moitié, cette fois, on y est véritablement et de nouveaux enjeux apparaissent, de nouvelles questions se posent... Mais le lecteur va aussi découvrir de nouvelles informations susceptibles de changer complètement son regard sur cet univers et ce qui s'y déroule... Le dénouement est encore loin, mais il approche, et avec lui, un lot de révélations qu'on commence à deviner fracassantes...



Comme d'habitude, il est bien difficile de vous dire de quoi parle ce Livre Cinq, puisque le cycle repose sur la multiplicité des fils narratifs et leur entrelacement. Mais, la fin du tome précédent avait été particulièrement agitée et c'est dans une sorte d'accalmie que reprend le cycle. Sur l'île du Goulet, on pense les plaies, nombreuses, héritées de la tentative d'assaut des troupes de Lothar.

La population de l'île, Huitième Royaume sans existence réelle et sans monarque, puisque Orville, désigné pour régner sur cet archipel, n'est plus là, a souffert de l'assaut. De nombreuses victimes sont à déplorer et les survivants doivent très rapidement se réorganiser. A la fois pour subvenir aux besoins élémentaires des uns et des autres, mais aussi prévenir d'éventuelles nouvelles offensives.

Ce qui s'est passé a permis de déterminer les faiblesses de l'île, et l'urgence est désormais de renforcer les points faibles, en demandant à toutes et à tous d'importants efforts. Armine, dont la grossesse est entrée dans sa dernière période, est désignée pour assurer une régence aux contours un peu flous, mais l'avenir de l'île et de ses habitants est très flou...

De son côté, Sylvan a mis le cap au nord. Le Gardien, qui voyage par la mer avec, à ses côtés, Lise et Aymery, les deux enfants dont l'enlèvement, en Hautterre, a été le point de départ de ce cycle, se dirige vers le Sixième Royaume, l'un des plus hostiles, puisqu'il est installé dans un désert glacé, pas franchement accueillant.

Mais, à son arrivée, Sylvan, effaré, découvre un royaume vidé de sa population... Les troupes de Lothar sont passées par là et une grande partie des habitants a été réduite en esclavage et déportée. Ne reste que quelques vieillards, laissés là, veillant sur le monarque, assassiné en défendant son peuple... Une situation qui réveille la colère de Sylvan...

Celui qui a toujours gardé au coeur les préceptes de la Garde et des notions devenues obsolètes, telles que l'honneur, décide de renouer avec les missions originelles de son corps. Désormais, il protégera la vie, il en fait le serment, et il va se lancer à la recherche de ces femmes et de ces hommes qu'on a déplacées de force, et pas seulement au Sixième Royaume, pour essayer de leur rendre la liberté perdue...

Aléïde, ancienne vicomtesse de Vallade, mais pas mécontente d'avoir été libérée des griffes d'un époux détestable, poursuit son chemin. Désormais bien intégrée au sein de la Compagnie du Verrou, ce mouvement rebelle entré en clandestinité et étendant un peu plus chaque jour son influence dans les Sept Royaumes, elle s'est découvert une nouvelle vocation, dans laquelle elle excelle.

Pourtant, les événements de ce Livre Cinq vont la pousser une nouvelle fois sur les routes, de nouvelles rencontres vont se produire, offrant un nouveau tournant à son existence. Son destin reste incertain, difficile à envisager, tout comme ceux de ses nouveaux compagnons... Un personnage qui prend de l'ampleur et qu'on surveillera, à l'avenir.

On peut aussi évoquer Rose, qui a l'honneur de la couverture de ce Livre Cinq avec, je pense, son fils, Delwynn. La jeune mage n'apparaît pourtant que tardivement dans ce roman, mais, elle aussi est à la croisée des chemins, toujours dans le désert, encerclée par ceux qui veulent la tuer, elles et ses amis, les aidant de son mieux grâce à son don et une abnégation de tous les instants.

Le hic, c'est que Delwynn, encore bébé, affiche des pouvoirs de mage qui dépassent largement ceux de sa mère. Pouvoirs dont il n'a pas conscience et qui se révèlent du coup, fort dangereux... Delwynn, tout innocent qu'il est, et bien qu'il soit impossible encore de le comparer à la terrible Braseline, est lui aussi enclin à brûler à peu près tout ce qui passe à sa portée...

Voilà un souci de plus pour Rose, rongée par le doute et l'inquiétude, incapable de trouver le moyen de sortir de ce désert mais redoutant également le jour où, immanquablement, sa troupe et elle seront découvertes par ceux qui les traquent... Tant de vies en danger qui dépendent d'elle, rien n'est simple pour une si jeune femme...

Et puis, il y a Jahrod. Ceux qui ont lu le précédent billet, consacré au tome 4 dans lequel il apparaît, vont se dire que je fais une fixette sur lui. C'est peut-être vrai, mais je crois que c'est justifié. Encore une fois, je ne vais pas entrer dans le détail à son sujet, car il vous faut le découvrir par vous-mêmes, mais il est clair qu'il apporte avec lui bien des éléments nouveaux...

Et, s'il ne faisait qu'une apparition fugace dans le tome 4, il tient cette fois un rôle bien plus important et, à travers lui, on en apprend un peu plus sur l'univers des Sept Royaumes. Des informations qui sont loin d'être anodines, mais qui, surtout, plongent le lecteur dans une certaine perplexité. Car, c'est finalement la vision d'ensemble du cycle que l'on doit modifier avec l'apparition de ces critères.

Il ne vient pas qu'avec des informations, Jahrod. Il apporte avec lui bien d'autres choses et je ne peux m'empêcher de cogiter un peu plus autour de lui. Il se dévoile bien plus qu'au cours du Livre Quatre, mais de là à le cerner, c'est encore juste. Et, autour de lui, c'est un nouvel essaim de questions qui se forme, jusqu'aux dernières lignes de ce Livre Cinq, ahurissantes...

Mais que se passe-t-il donc dans ces Sept Royaumes ? Peu à peu, on s'est éloigné des questions premières posées dans le cycle, celle du sang bleu et des lignées qu'il faut maintenir coûte que coûte. Oh, ces aspects-là demeurent, les manoeuvres qu'ils ont entraînées sont toujours en cours, mais encore une fois, on a brusquement changé d'angle, de point de vue...

Les plus perspicaces d'entre vous auront noté que j'ai très peu parlé d'Orville, jusqu'ici. Celui que j'ai toujours placé comme le personnage central du cycle n'est pas absent, non, au contraire, il reste un des fils conducteurs du récit. Mais, et c'est l'une des grosses surprises de ce Livre Cinq, il se retrouve (provisoirement ?) à l'écart des actions principales.

Et pour cause : il dérive... Pris dans la pétole, emporté par les courants sur les eaux inconnues de l'océan extérieur, il passe quasiment la totalité de ce Livre Cinq en mer, ne sachant même pas s'il pourra revenir sur le continent... Même son don est impuissant à le sortir de là et c'est donc une période difficile pour celui qui n'a pas ménagé ses efforts depuis son départ de Hautterre...

Mais, pour être franc, j'ai eu une autre surprise à la lecture de ce Livre Cinq. En fonction de ce que je laisse derrière moi en fin de chaque tome, je joue, avant d'attaquer le suivant, à élaborer des hypothèses, des conjectures... Je pensais que Lothar avait lancé les grandes manoeuvres, les opérations décisives à la fin du Livre Quatre et qu'il serait au coeur du Livre Cinq... Je me suis trompé !

Au contraire, celui qui a mené le Coup d'Etat visant à imposer son Ordre Nouveau sur les Sept Royaumes, ne fait qu'une courte apparition. C'est lui qui prononce les mots que j'ai placés en titre de ce billet. Ils sont extraits d'une tirade bien plus longue qui laisse transparaître un certain désenchantement.

Je crois vraiment que ce passage, situé au tiers de ce Livre Cinq, est le moment le plus fort et l'un des plus importants de ce tome. Pas par ce qui s'y passe, mais bien par ce qui y est dit. Un monologue qui exprime, mine de rien, une grosse partie des enjeux à venir dans les Sept Royaumes. Et une vision de cet univers très juste...

Lothar est sans doute, au vu de ses décisions et de ces agissements, un tyran sanguinaire et un monstre, mais c'est aussi un véritable stratège qui n'est certainement pas stupide. Ses mots ont quelque chose de prophétique, que la suite de ce Livre Cinq vient éclairer... Mais je m'avance, j'en suis revenu au jeu des conjectures. Et j'entrevois toute la difficulté que représente l'ambition de Lothar...

Les temps sont durs, en tout cas, dans ce Livre Cinq, et ils sont nombreux, parmi les personnages récurrents, à souffrir. Les péripéties relatées dans ce tome-ci vont certainement laisser des traces, et des traces profondes. Tant physiquement que psychologiquement. J'irais même jusqu'à vous dire qu'il flotte sur ce Livre Cinq un nuage bien noir...

Car ce sont les personnages que l'on pourrait qualifier de positifs qui semblent concentrer ces aléas et ces souffrances... Pendant ce temps, d'autres forces, celles qu'on connaissaient déjà et qu'on qualifiera de négatives (Braseline est en pleine forme, elle...), montent en puissance, ainsi que ces nouveaux arrivants, dont Jahrod, qu'on ne peut pas encore positionner avec certitude sur l'échiquier.

Il ne reste que deux tomes, je les vois, là, en face de moi, posés sur un meuble, lorsque je lève le regard... Et pourtant, j'ai encore tant de questions en tête qui attendent des réponses, j'ai des doutes sur certains personnages que je vois mal embarqués, j'esquisse des enjeux qui pourraient être ceux qui mettront en mouvement les personnages... Le petit jeu des conjectures, encore et toujours...

Et un intérêt pour ce cycle qui ne décroît pas, renforcé à chaque tome par l'habileté machiavélique de son auteur/démiurge, Régis Goddyn, qui injecte à chaque livre la dose juste d'intrigue et de suspense capable de nous tenir en éveil jusqu'au bout de ce cycle. Saluons encore une fois son tour de force : une construction impeccable, imparable, réalisée avec la minutie d'un horloger suisse...

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